Boxer comme Gratien

Dans Boxer comme Gratien, Hervé (double de l’écrivain) tend l’oreille à tous ceux qui ont connu de près ou de loin le célèbre boxeur. Avec eux, il écrit la légende de Gratien Tonna. En fait, Didier Castino, professeur de lettres, tente sur tout d’écrire le roman de la vérité, non qu’il existe quelque secret, mais il démontre à travers cette tentative de portrait toute la complexité d’un homme, les fêlures qui révèlent plus que les mots.

Boxer comme Gratien n’est finalement ni une biographie, ni une enquête journalistique ni complètement un récit. Un peu tout cela à la fois et c’est ce qui en fait son charme.

Un portrait incroyablement émouvant et romanesque. Si ce n’était son physique de brute, après la lecture de ce roman, on aurait envie de serrer Tonna dans ses bras, comme on consolerait un enfant fragile et tendre. Sacré paradoxe pour un homme qui fracassait ses adversaires ! Didier Castino signe un formidable roman sur ce boxeur oublié.

Le portrait est magnifique, tout comme la description faite par Castino de la tempête se dessinant sous le crâne de l’écrivain rapidement convaincu de tenir un excellent sujet de livre, mais devant structurer sa pensée dans l’urgence. Parce qu’une vie ne se range pas dans un tableau Excel, surtout quand elle est aussi foisonnante et tapageuse.

Un roman surpuissant, plus vrai que nature, qui se lit d’une traite.

Celui qui boxe comme Gratien, assène ses mots avec une force insensée, allonge ses coups, c’est avant tout Didier Castino.

Formidable.

Didier Castino sait dépeindre avec finesse et justesse des personnages que la vie n’a pas épargnés mais qui continuent de vivre sans baisser la tête.

Bien entendu, cette vie est un roman, mais le génie de Castino est de ne pas en avoir fait un.