Une fille de province

Ces portraits croisés d’une ville et de deux trajectoires éclairent le banal et invitent avec finesse à questionner le rapport complexe et inextricable entre psychiatrie et justice.

Percutant, passionnant, intelligent, un récit hors des sentiers battus.

Johanne Rigoulot livre ici un récit fouillé, érudit, documenté et passionnant sur la France des années 70/80, se nourrissant de son expérience personnelle de « fille de province ».

Johanne Rigoulot revient sur un sordide fait divers dont la coupable est une de ses amies d’enfance de Chalon-sur-Saône, Sara. Au-delà du récit, l’autrice analyse la ville périphérique, son aménagement urbain, son impact sur l’humain. Elle cherche le point de bascule, ce qui fait diverger deux destins. Sara grandit du mauvais côté de la ville et de la vie, côté précarité et violence sociale. C’est à travers elle, qu’est interrogé aussi le traitement de la santé mentale et la question judiciaire des vies abîmées, le soin.

Sans parti pris, sans jugement, une belle analyse de ce que la société fait aux plus fragiles, portée par une plume sobre et agréable.

Johanne Rigoulot réussit un livre remarquable et passionnant, qui interroge avec pertinence et intelligence le déterminisme social, les villes de province des années 80, la prise en charge des soins psychiatriques, et tout ce qui constitue nos sociétés, de l’école à la justice en passant par la famille. Le tout remarquablement bien écrit !